[carnet de bord] 2 & 3 août


2 août

Lever 6 h 30.
Départ marche 7 h vers crossroad N1 : 3 h 15.
Croisé deux 4 x 4 et un tracteur.

Stop sur la N1 vers Kirkejubæjarklaustur, dit Klaustur.
Pris par un italien qui a déjà embarqué une autostoppeuse courageuse qui va aller faire d'autres stop sur une piste très peu fréquentée.

Il me dépose au crossroad de la route du Laki. Je fini vers Klaustur à pied.
Arrivé claqué au camp. sieste jusqu'à 16 h. Achat bouffe.
Ballade dans et autour de Klaustur. Je prend mes marques pour le lendemain, journée de documentation sur le bled.
 
Discuté longuement avec des allemands qui sillonnent l'Islande en vélo. Ils ont une belle philosophie du voyage.

Typiquement la journée de transition. 15 + 5 + 5 = 25 km dans la journée.

Dodo mais emmerdé à mort par une mère et sa fille polonaise qui plantent leur tente à 1 m de la mienne à minuit et jactent jusqu'à pas d'heure. Obligé de hurler : "STOP SPEAK LOUDLY !!!". Arrêt instantané des discours.


3 août

J'ai donc décidé de passer "une journée pour renseigner Kirkejubæjarklaustur".
Fred m'avait offert le bouquin Kirkjubaejarklaustur de Vincent Tholomé, j'avais écouté le feuilleton radiophonique qui en avait été tiré à la radio à la RTF, je me suis dit : "à mon tour de me pencher sur ce bled".
Kirkejubæjarklaustursur l'Atelier de Création Sonore Radiophonique RTBF

Bande son : Jalous Guy de JOHN LENNON
Le café Munkar et la guesthouse Hof sont isolés tout au bout de l'unique route de Kirkjubæjarklaustur et jouxtent, pour ainsi dire sont mitoyens des abattoirs locaux, ce qui est une curiosité, d'autant qu'on n'a jamais vu d'élevage aussi extensif qu'en Islande, trois moutons aussi agiles que peureux au kilomètre-carré. L'auberge, à l'aménagement cheap et strictement fonctionnel, héberge des motards italiens esseulés, des marcheurs roumains quasi-épuisés et des couples internationaux très visiblement illégitimes.

Bande son : Sandinista des CLASH
Américaine, Joana, 61 ans, est installée à Kirkjubæjarklaustur par une bizarrerie de l'existence. Mariée incidemment à un portugais dont la belle-sœur était islandaise, elle a hérité des trois bungalows nichés au cœur d'un champ de lave. C'est un simple lieux de villégiature. J'aimerais aller me bronzer sur la plage de sable noir, à cinq kilomètres, mais ici, c'est pas la Riviera". La location de deux des bungalows lui permet quelques aller-retour aux States. Pourquoi pas !

Bande son :
Mr Ingolfur Hartvigsson, le pasteur de la paroisse de Kirkjubæjarklaustur est un type décontracté — qui possède un bel appareil photo numérique —, qui montre facilement à qui veut bien les plans et la maquette de l'ancienne chapelle, célèbre pour avoir eu comme officiant Jon Steingrimsson, dont on dit qu'il arrêtât la progression du fleuve de lave de l'éruption du Laki en 1784 — volcan pourtant distant de 50 km —, vaste marée incandescente, par une messe dite "du feu".
En fait, à bout de souffle et de puissance, le fleuve de lave s'est figé dans la rivière Skafta. Mais cette histoire permet de déployer toutes les affèteries dont sont friandes toutes les religions et de devenir des réalités indiscutées dans les dépliants touristiques.

Bande son : A horse with no name de AMERICA
C'est ici qu'habite Solveig, la petite championne de course à pied, dans un lotissement de peu de pavillons, au pied des falaises, route de Skaftarvellir. On voit le père de Solveig repeindre en rouge, avec un ami de la famille le cadre des fenêtres. Il profite d'une très belle journée de l'été pour travailler torse nu. La maison est à quelques dizaines de mètres de "Kirksugoldfid", le "pavé de l'église", curieuse surface formée par le sommet de colonnes de basalte érodés par la mer et par les glaciers. La famille possède trois  véhicules dont une caravane pour aller camper non loin, à Thagill et un 4x4, comme tout le monde voulait s'en payer avant la crise financière. On l'utilise peu désormais puisque tout le monde économise sur tous les postes du budget.

Bande son : Huricanne de BOB DYLAN
Sur la N1, près du seul rond-point de l'île — en dehors de Reykjavik —, le Skaftarskali, un relaie essence-tous services et fast-food local. C'est ici la concentration de tous les itinéraires, toutes les préoccupations, toutes les hauteurs de chassis et de cylindrées, free-wifi. On peut y rester une journée entière sans pour autant perdre son temps et y observer la diversité des paysages humains.


En fin de journée la femme à l'arrosoir (cf. la femme à la bûche dans Twin Peaks) me suggère d'aller voir un film sur l'éruption du Laki au syndicat d'initiative. Là, dans une salle de 100 personnes, on me projette pour moi tout seul la version française.

Achat d'une carte précise du Lakagigar pour demain.

Hamburger au relai Skaftarskali. Je repère bien l'horaire de bus pour le lendemain.

Dodo avec le sentiment d'avoir bien travaillé.