[carnet de bord] 4 & 5 août


4 août

Lever 7 h.
Des fêtards islandais ont déliré toute la nuit dans le camp.
Départ en bus à 8 h 30 pour le Lakagigar ... mais problème de moteur... départ 9 h 30.

Chauffeur très sympa. Arrêt devant des gorges profondes (aïe aïe aïe, mes obsessions sexuelles me reprennent) : Fjadrargljufur.
Arrêt devant des chutes.

Arrivée au Laki 12 h 30

Accueil extra avec des girls-rangers dont une parle très bien français.
Elle est OK pour que j'aille marcher en solo autour du Kambar. Elle est OK pour que je bivouac sur le site. Confiance. Je lui demande s'il y a beaucoup de gens comme moi qui marchent dans le coin. Elle me répond : "une toute les 3 semaines". Ça fait 3 cet été, quoi !
Rencontre avec Florian, jeune français photographe qui va aussi bivouaquer pour attendre les bonnes lumières en haut du Laki.

Montée en haut du Laki. Cliché 10 et 11 par la femme du chauffeur de bus.

Par Harpa Arnþórsdóttir, la femme du chauffeur de bus de la ligne Kirkjubæjarklaustur/lakagigar, le cliché n°10, le 4 août 2012, en haut du Laki, vers le nord-est et vers le Skaftarjokull.

Bande son : Down rodeo de RAGE AGAINST THE MACHINE
L'idée d'aller voir le Lakigigar, c'est que j'avais vu un documentaire à la télévision qui montrait l'absolue originalité du site — près de 30 km de cratères alignés sur une seule droite —, et que ç'avait été le lieu de la plus importante coulée de lave de toute l'histoire moderne, en 1784, neuf mois durant.
Impossible de donner en une image la fascinante distribution formelle des cratères. Disons que du haut du principal sommet, le Laki, on survole d'est en ouest la faille et l'on comprend qu'on va pouvoir mettre la tête dans les volcans.
Dessin de la chaîne ouest des cratères même point de vue sans doute qu'une photo fétiche que j'avais avant de partir sur ce voyage.

Photo Martin Ystenes. album pré-voyage islanduchronie II
Par Roland Busse, le cliché n°11, le 4 août 2012, en haut du Laki, vers le sud-ouest et devant le paysage le plus célèbre du Lakagigar.

Casse-croute et marche autour du Kambar.
Mais je rebrousse chemin une première fois : des gorges, pas de trace, trop dur pour moi... et une deuxième fois de l'autre côté du lac kambavatn car j'arrive à des crêtes qui sont pour les alpinistes.
Pourtant ce chemin est sur la carte mais en fait jamais utilisé.
Extraordinaire vue plongée sur la vallée de la Skafta, les pseudo-volcans et la coulée de lave, les lacs et la chaîne du Fogrufjöll.
Je repasse devant le Lambavatn sur la plage duquel Florian a établi son bivouac. je vais plus loin au Tjamagigur établir le mien.

Bande son : Atomic Mother des PINK FLOYD
Nous étions deux à bivouaquer avec nos minuscules tentes solo sur le parc national di Lakigigar cette nuit-là, par autorisation spéciale des girls-rangers. pendant que Florian, un photographe autodidacte de 22 ans veillait en haut du Laki pour capter es bonnes lumières du soir, je m'installais, après six heures de marche hors des sentiers balisés, au creux d'une combe cendrée. Pas d'oiseaux, pas de vent, pas d'eau, pas de 4x4, pas d'insectes, pas d'avions, un décor de mousses et de cendres ; le silence absolu dans la pénombre de la nuit arctique ; la palpitation insensée de mon propre corps.


Super dodo dans le silence absolu.

Après le voyage, c'est Big Foot qui me révèle que dans le film Home, de Yann Artus-Bertrand, dans les toutes premières minutes, entre 3:08 et 4:11, on voit le lieu où je suis passé pour aller dormir ce soir-là.
Bog Foot a fait une grande partie de cette étape à l'envers de moi, et il est monté sur le Kambar.


5 août

Lever 6 h.
Bénédiction du soleil levant. Lyo ptit dej.
Marche hallucinée sur la piste du Lakagigar vers Blagil. Je croise vers 9 h 00 les girls-rangers qui font leur tournée.

Bande son : African Reggae de NINA HAGEN
Le domaine du Laki n'est pas simplement un parc national désormais bien protégé et organisé, c'est aussi un lieu de géologie appliquée. Les pseudo-volcans le disputent aux pitons basaltiques, les protubérances croûteuses côtoient de rares veines aux pâtes vitreuses ; de vastes plaines de lappillis et de cendres voisinent avec des pillows-lavas encagoulées de mousses ; aussi, le paysage est ponctué de bombes scoriacées et pictée de ponces riches en bulles de gaz. Le spécialiste s'exclame et le néophyte se surprend à rechercher les nuances et faire corps avec le monde minéral.

1 heure plus tard je croise deux français de 25 ans, super solides qui marche à l'autonomie depuis des jours, mangent peu, escaladent ce qui se trouve sur le chemin, très déterminés. Je tire mon chapeau bien bas devant le parcours qu'ils me montrent sur une carte.
Arrêt Blagil 12 h 30. Havre de paix.


Bande son : Looking for you de NINO FERRER
La mère d'une des girls rangers du parc national du Laki est française. Pour son sourire et ses renseignements abondants, le marcheur ferait n'importe quoi. Surpris — en maillot de bain alors que j'allais passer un gué —, par sa patrouille matutinale en quad grosse cylindrée, je suis allé repêcher une plaque d'immatriculation arrachée au milieu du courant. Ce fut sa première collecte de déchets de la journée. Elle loge à Blagil, un refuge idéal, a peacefull place, le rêve de tout marcheur siesteur.

Thés, Lyo, sieste, dessins.
Repart à 15 h 30.
17 h le j'arrête le bus sur la piste comme prévu la veille.



Longue discussion échanges d'impressions avec Florian qui a pris ce bus pour revenir à Klaustur.
On mange ensemble un burger au relai de Klaustur en regardant un peu les jeux olympiques à la télé.
Planté de tente. Tel à Cat dans cabine à pièce. Bière avec Florian. Dodo 21 h.