[carnet de bord] 6 & 7 août


6 août

Lever 7 h 30. Ptit dej dans le cuisine du camp pour une fois.
Hitchikking au rond point de Klaustur vers l'est. Attente 1 heure.
Une islandaise me prend mais je regrette de ne pas assez bien parler anglais pour approfondir la discussion car elle semble faire partie des islandais qui discutent dans les divers commissions pour repenser la démocratie.

En fait je vise un lieu sur la N1 à 15 km d'où elle me laisse sur la route.

Deux italiennes me prennent. Elles n'arrêtent pas de parler de stoppeur en riant. Que me veulent-elle ? Vont -elles sauvagement attenter à mon intégrité ?
En fait on rejoint une autre voiture qui est celle de leurs copains. Elle m'ont pris comme faire valoir pour faire bisquer leurs potes.

Je descend donc à Nupsstadur, plus vieille chapelle en toit de tourbe d'Islande. Lieu privé mais accessible. Calme solitaire dans et autour de la chapelle. Dessins. Super spot peacefull.

Qu'aurait pensé Filippus Hanneson, décédé à 99 ans en 2010, dernier fermier à Nupsstadur, de tous ces touristes photographes ?

Casse-croute puis re-stop vers Jokulsarlon.
Un couple de jeunes allemands me prend. Je visite avec eux à pied un des lieux les plus fréquenté par les touristes en Islande: les chutes de Skatafell. Nous convenons ensemble que c'est un mauvais plan pas intéressant.

Ils me laissent à 1 km avant Jokulsarlon. photo n°12 devant le lac et les moraines.

J'installe ma tente. ULTRA BON SPOT solitaire. Oiseaux, glacier, icebergs, phoques, soleil, chips, dessins, ballade au soir tout autour du lac.

Bande-son : One de U2
Le marcheur s'est autorisé à planter la tente le long d'une moraine du lac Jokusarlon, dans un périmètre pourtant interdit. Mais l'attrait était trop fort et les islandais tolèrent encore le camping sauvage tant qu'il n'y a pas d'impact et de dommages ni visuels, ni écologiques. Passer la nuit face aux grollers et icebergs qui dérivent lentement à droite, puis à gauche, au gré des marées et, au matin, casser la graine à quelques mètres de phoques pêcheurs qui jouent avec les sternes, ne ressemble à rien de ce que le marcheur a déjà connu dans sa vie de marcheur. Il en garde un souvenir précis et têtu, une des étapes de "l'ici et maintenant vécu".

7 août


Réveil de feu avec soleil, p'ti' dej à quelques mètres d'un phoque qui joue dans l'eau.
Il faut rentrer vers Sedysfjordur pour prendre le ferry après-demain.
7 h 30 je suis sur la route à faire du stop. Aucune voiture. J'attends longtemps. Me prend des envies de Bretagne.
1 h 2 allemands 15 km.
1 h famille belge flamand 4 x4. Discute avec les ados à l'arrière. Höfn. Dessin.

Bande son : Ashes to ashes de DAVID BOWIE

Difficile de dire qu'on passerait ses vacances à Höfn et pourtant j'y suis, en transit. Le Sigurdur Olafsson a des allures de bateau du capitaine Haddock. Comme dans tous les ports du monde, des enfants observent le bouchon de leur ligne.

16 h relai N1 bus en direction de Studvarfjordur décidé au hasard sur la carte. 1 h 30 d'attente pendant lesquelles j'écris.
Seul dans le bus avec chauffeur. 50 km plus loin, pris des Hollandais déjà rencontrés à Vik avec leurs vélos.

Bande son : Le pont de GERARD MANSET

Sur la route du sud-est, après Höfn, des troupes de cygnes sauvages prennent leurs aises au bord des lagunes. Des gens sont allongés dans les criques sur le sable noir, chauffés par un soleil d'enfer. C'est la riviera islandaise improvisée par un été qualifié par tous d'exceptionnel. Dans la cinéchronie du bus, les landscapes ont des accents de nouveau Far-Ouest.
Hautes messas solitaires, caldeiras effondrées, colonnes de basalte brillant et pierriers vertigineux, accumulations de scories instables, limailles grises et copeaux ocres, déclivités à la limite du décrochage, cônes poussiéreux et grumeleux en équilibre, ravines scarifiées, alternance de protubérances effilées et globuleuses, rides désagrégées, falaises démembrées, cayons à la dérive, pitons à l'arrogance des équilibres fortuits.
Je suis le seul passager sur la ligne et le chauffeur, marin pécheur l'hiver, me montre les photos de son 4 x 4 avec appétit.

Planté de tente à Studvarfjordur.
Café repas (mushroom soup réchauffée) seul dans un resto/guesthouse désert. Pas de touristes, pas de commerce.
Coucher de soleil halluciné... dodo 23 h.